La possibilité d’une éventuelle récession économique en 2019 a attiré l’attention de plusieurs journalistes et experts. Mais l’argent judicieusement investi continue de croître, tant au Canada qu’aux Etats-Unis. Peut-être que l’économie ne se développera pas aussi rapidement qu’elle l’a fait l’an dernier, mais nous sommes encore loin d’une situation où le produit intérieur brut (PIB) ralentirait pendant deux trimestres consécutifs.
Pourquoi parle-t-on de récession ? Voici les trois facteurs principaux.
Premièrement, les Canadiens entrent maintenant dans leur 10è année consécutive de croissance économique. Les comptes de fin d’année n’ont pas été dans le rouge depuis 2009. Quand on considère que la croissance moyenne suivant une période de récession depuis la Grande Dépression est d’environ six ans, on peut se demander combien de temps cela va durer.
Deuxièmement, la courbe de rendement, qui mesure la différence entre les bons du Trésor américains à 10 ans et à un an, a considérablement baissé en 2018. Cela signifie que les investisseurs exigent des rendements supérieurs à la normale sur les prêts à court terme au gouvernement et des rendements inférieurs à la normale sur les prêts à long terme. Cela démontre un manque de confiance dans l'économie actuelle. Une courbe de rendement inversée (dans laquelle un bon d’un an offre en réalité un rendement supérieur à celui de son équivalent de 10 ans) est un indicateur fort de la récession. Ce n’est pas encore le cas.
Le troisième facteur est plus vague. Le risque politique est devenu une préoccupation majeure depuis l’élection du président américain Donald Trump. Quiconque possède un abonnement à la télévision par câble sait que le statut de Washington à l’échelle planétaire a changé depuis que l’homme d’affaires est devenu un leader mondial. Si son style ou ses politiques peu orthodoxes débouchent sur une véritable guerre du marché avec la deuxième plus grande économie du monde, la Chine, le consensus qui existe actuellement entre les économistes ne fera pas long feu.
Une base solide
Pour le moment, ce consensus est résolument sur la bonne voie (bien que conservateur).
Lors d'une conférence à Toronto la semaine dernière, Philip Orlando, vice-président et stratège en chef des marchés boursiers chez Federated Advisory Services, a déclaré à un groupe d'investisseurs institutionnels et de conseillers en placement que son cabinet ne prévoyait pas de récession aux États-Unis avant 2021 ou 2022.
« Les salaires augmentent d'environ 3,2 % par an », a-t-il déclaré. « Le meilleur taux depuis 10 ans. Mais historiquement, vous devez atteindre le niveau de 4 % avant de pouvoir parler de récession. Une fois que vous atteignez les 4 %, il faut environ deux ans avant que la récession devienne un fait. »
Philip Orlando a également évoqué l’indice de risque de récession américain étudié par Cornerstone Macro, géré par la PDG de la société, Nancy Lazar. Des décennies de collecte de données et de prévisions précises viennent appuyer cet indice. Un score de 60 indique que la récession aura lieu dans six trimestres (18 mois). Bien que ce score n’ait cessé d’augmenter tout au long de la présente décennie, il n’est actuellement que de 53.
Dans un rapport publié le 11 janvier par la Banque Scotia, un discours tout aussi rassurant avait été tenu sur la situation au Canada : l’économie canadienne à des bases solides et est loin de se trouver au bord du précipice, telles que l’ont démontré les évolutions du marché financier de ces dernières semaines ». La banque prévoit une croissance du PIB réel de 1,8 % cette année et de 2 % l’année prochaine.
De toute évidence, l’économie ne pourra continuer de croître de manière continue. Toutefois, sauf en cas de déclenchement imprévu, ou de scénario dans lequel les risques existants s’aggravent de façon dramatique, il y a lieu de se montrer prudemment optimiste pour cette année 2019.