Vivre vieux, c’est sexy. Qu’il s’agisse des géants de la technologie qui financent la recherche pour vivre plus longtemps, retarder la ménopause ou même ajouter des jours à l’espérance de vie du meilleur ami de l’homme (wouf!), notre quête ancestrale de la fontaine de jouvence est de retour en force et rapporte des milliards. Bonne nouvelle pour les grands-parents : Avoir 90 ans aujourd’hui, c’est comme en avoir 80!
Ironiquement, nous vivons déjà plus longtemps. La cohorte des centenaires au Canada augmente rapidement (+16 % depuis 2016), et entre 2016 et 2021, le nombre de Canadiens âgés de 85 ans ou plus a augmenté de 12 %, soit plus du double du taux de croissance observé dans l’ensemble de la population1.
Quelles sont certaines incidences potentielles sur la société?
Et épargnez-vous suffisamment pour vivre dans les meilleures conditions pendant 100 ans?
Tout d’abord, une petite enquête Science ou charlatanisme?
Bryan Johnson, 46 ans, a personnellement empoché 300 millions de dollars américains lorsqu’il a vendu son entreprise en démarrage à PayPal en 2013. Un an plus tard, il s’est débarrassé de son mariage, de son église, d’une partie de ses kilos superflus et a commencé à investir dans des technologies qui ciblent ce qu’il appelle le « monde physique programmable », alias son corps. Depuis 2020, M. Johnson a mis au point Blueprint, un système fondé sur des données permettant de faire reculer son propre « âge biologique ». Sa routine quotidienne commence avant 5 heures du matin et comprend l’ingestion de 111 pilules (non, ce n’est pas une faute de frappe), le port d’une casquette de baseball qui projette une lumière rouge sur son crâne et le suivi de presque toutes ses données personnelles possibles. Il a même essayé, brièvement, de se faire transfuser du plasma de son fils adolescent2. Sur le site Web de Blueprint, vous trouverez de l’huile d’olive (malicieusement baptisée « Snake Oil », autrement dit de la poudre de perlimpinpin), de la purée de noix, de la poudre de cacao, un « mélange de longévité » et des t-shirts arborant le slogan « Don’t Die » (Ne meurs pas).
C’est donc une option.
Des entreprises comme Altos Labs et Calico Life Sciences sont un peu plus sérieuses. Dans les couloirs de ces compagnies, tout le monde semble avoir un doctorat. Et dans les salles de leurs conseils d’administration, tout le monde semble avoir un moteur de recherche.
Altos a été fondée par le Dr Hal Barron, un dirigeant mondial du secteur biomédical, et est dirigée par un ancien directeur du National Cancer Institute. Selon son site Web, Altos a récolté 3 milliards de dollars américains pour financer la recherche sur « l’exploitation de la puissance du rajeunissement cellulaire pour restaurer la santé et la résilience des cellules et, à terme, faire reculer les maladies »3.
Calico, lancée par Google en 2013 (avec un investissement de départ de Jeff Bezos et de gros chèques des fondateurs de Google Sergey Brin et Larry Page), travaille à « mieux comprendre la biologie qui contrôle le vieillissement et la durée de vie ». Son objectif est de « développer des interventions qui permettent aux gens de vivre plus longtemps et en meilleure santé »4. À ce jour, Calico a obtenu 3,5 milliards de dollars américains d’Alphabet et d’AbbVie, une société pharmaceutique américaine spécialisée dans les maladies auto-immunes.
Cet afflux d’argent suscite bien des interrogations. En 2013, la couverture du magazine TIME l’a présenté de la manière suivante : « Google peut-il résoudre le mystère de la mort? »
… probablement pas.
Il y a fort à parier que vous mourrez un jour. La date exacte reste à déterminer, mais elle dépendra probablement beaucoup de votre bien-être général. Vous vivrez peut-être plus longtemps, mais dans quel état? Une alimentation et un mode de vie plus sains contribuent probablement à l’allongement de l’espérance de vie, mais le fait d’atteindre 100 ans ou plus n’élimine pas les douleurs et les maux. Ou pire.
Une grande partie de la recherche sur la longévité se concentre sur les causes du vieillissement et la prolifération des maladies qu’il peut déclencher.
Il s’agit à la fois d’une question personnelle (personne n’aime le déclin physique et les maladies liées au vieillissement) et d’une question de politique publique qui se profilent à l’horizon. Le contexte est clair : de nombreux pays, dont le Canada, comprennent une cohorte croissante de personnes très âgées combinée à des taux de fécondité en baisse. Les personnes âgées ont invariablement besoin de plus de soins, ce qui représente une dépense croissante pour la société et les individus.
Faites l’essai par vous-même : la calculatrice d’espérance de vie
Le financement du sentiment d’éternité
Selon un nouveau rapport du National Institute on Ageing (NIA) de l’Université métropolitaine de Toronto, plus de 52 000 Canadiens étaient inscrits sur des listes d’attente pour des maisons de soins de longue durée en 2021. On estime qu’environ 167 000 Canadiens âgés de 65 ans et plus ont des besoins non satisfaits en matière de soins à domicile et que la plupart des personnes âgées dépendent de leur conjoint et de leur famille pour des soins gratuits. Selon le rapport du NIA, cette question est d’autant plus délicate, car le fait que le taux de natalité soit inférieur au taux de reproduction signifie qu’il n’y aura tout simplement pas assez de jeunes membres de la famille pour prodiguer des soins non rémunérés à la population canadienne âgée. Pourtant, la demande augmente alors que l’offre diminue, et l’on s’attend à ce que le nombre de Canadiens ayant besoin de proches aidants non rémunérés double pour atteindre 700 000 d’ici 2050.5
Malheureusement, tout le monde n’a pas de la famille qui puisse l’aider à vieillir. C’est donc à nous de nous préparer. C’est d’ailleurs le cœur du problème : nous ne sommes pas tous milliardaires et le fait de vivre plus longtemps augmente les chances de survivre à ses économies, ce que l’on appelle le risque de longévité. L’une des solutions est un bon régime de retraite à prestations déterminées. Si vous en avez un et que vous êtes encore là pour fêter votre centième anniversaire, vous aurez certainement déboursé beaucoup plus que vous n’avez investi. Mais même la meilleure retraite ne doit constituer qu’une partie de votre régime.
Notre nid douillet… notre tirelire?
De nombreux clients disent à Pam Lajoie responsable de la planification financière à la Financière des avocates et avocats, que leur maison est un élément clé de leur épargne-retraite. Il s’agit souvent de leur bien le plus précieux, et ils pourront un jour s’acheter un logement plus petit pour en retirer un peu d’argent. Mais 75 % des retraités canadiens propriétaires de leur logement répondent systématiquement à toute personne qui le leur demande qu’ils sont « heureux de rester au même endroit, merci bien »6. Dans plusieurs grandes villes canadiennes, le fait de s’acheter un bien plus petit ne permet même pas de libérer beaucoup de capital, à moins de déménager loin de son ancien quartier. Et les déménagements sont de plus en plus coûteux, car les municipalités puisent de plus en plus dans les transactions immobilières avec les droits de cession immobilière.
Alors, que faire?
Mme Lajoie entend souvent ses clients lui dire : « Oh, vu mon état de santé, je ne vivrai pas aussi longtemps; personne dans ma famille n’y est arrivé. » Elle leur fait alors part de sa propre expérience. « Ma mère a 95 ans. Ses deux sœurs sont mortes dans la cinquantaine, son père dans la quarantaine, et sa mère quand elle avait dans les 70 ans. Elle a survécu à tous ses cousins. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Certains d’entre nous ont de la chance. »
Et comme cela se produit de plus en plus souvent, il est judicieux d’anticiper la gestion du risque de longévité. « Si nous prévoyons pour vous une épargne plus importante sur une période plus longue, explique Mme Lajoie, et si, par la suite, vous avez des problèmes de santé nécessitant plus de soins en vieillissant, vous aurez plus d’options. C’est pourquoi nous élaborons des plans financiers jusqu’à l’âge de 95 ans. Il y a quelques années, c’était 85 ans. Puis, c’est passé à 90. Je ne pense même pas qu’il y ait un inconvénient à planifier une vie de 100 ans. »
Il est évident que nous ne rejoindrons pas tous le club des centenaires, mais le fait est que nous vivons plus longtemps. Et qui sait, les découvertes scientifiques nous permettront peut-être de profiter davantage de ces années en bonne santé. Mais, comme le fait remarquer Mme Lajoie, « même si vous avez 90 ans et que vous vous dites : "Vous savez, je ne vais pas vivre jusqu’à 100 ans parce que j’ai tout un tas de problèmes de santé." Eh bien, vous pourrez dépenser beaucoup plus d’argent pour mobiliser des ressources afin d’assurer votre qualité de vie. La plupart des personnes âgées de 35 ans n’envisagent pas de vivre aussi longtemps, mais c’est ce qui se passe aujourd’hui et ce qui se passera de plus en plus souvent à l’avenir. »
Et d’ici là? Vous connaissez la réponse : mangez moins de viande rouge, plus de légumes verts, faites de l’exercice et reposez-vous, buvez modérément (ou pas du tout) et, quoi que vous fassiez, ne fumez pas. Et peut-être, passez un coup de fil à Mme Lajoie.
Nous pouvons vous aider
Renseignez-vous auprès d’un spécialiste en investissements au sujet d’une épargne-retraite qui ne s’arrête jamais. Consultez un planificateur financier au sujet de l’assurance vie permanente qui dure toute la vie.
Rédigé par Chris Goldie pour la Financière des avocates et avocats . Chris Goldie est chroniqueur et rédacteur financier.
Sources : 1. Statistique Canada, « Portrait de la population croissante des personnes âgées de 85 ans et plus au Canada selon le Recensement de 2021 », 27 avril 2022. 2. Magazine TIME, « The man who thinks he can live forever », 20 septembre 2023. 3. Altoslabs.com, About (à propos), en date du 25 juin 2024. 4. Calicolabs.com, en date du 25 juin 2024. 5. National Institute on Ageing, « Perspectives on growing older in Canada: the 2023 NIA ageing in Canada survey », publié le 31 janvier 2024. 6. Ibid.